« Quand mes parents sont venus ici, ils ont eu la vie dure. Ils travaillaient à 150% pour rembourser une maison au Portugal qu’ils ont achetée pour leur retraite. Et du coup j’ai pas tant de souvenirs de moments passés avec eux parce qu’ils bossaient tout le temps. Ils viennent d’un village très reculé du Portugal de 100 ou 200 habitants. Un lieu digne du Texas où tout est très sec. Ma mère cultivait le riz, les tomates etc. Ils sont très terre à terre, et donc ils m’ont tout de suite sensibilisée à la valeur des choses et à l’importance du partage. Si je voulais une paire de chaussures de 200 francs, ça leur coûtait une journée de travail ! 

Arrivée à 16 ans, ils m’ont dit : « Tu veux te faire plaisir ? Va travailler ! » Ça a été simple et direct. Alors je me suis débrouillée et j’ai travaillé à 5àsec Repassage, à la piscine de Meyrin, dans un restaurant, dans un vidéo club. On trouve hein ! Moi je voulais me payer des vacances pour faire autre chose que le Portugal (rires) ! Mais aujourd’hui on est dans une société où il faut carburer, carburer, carburer. La plupart de notre temps pendant la journée c’est pour travailler ou dormir. En Suisse, et surtout dans le domaine de la finance où je travaille, c’est argent, argent, argent. Il faut que tu sois rentable. C’est tout. 

Moi mon rêve, si je gagne un jour assez, c’est d’acheter une cabane au milieu de la nature, si possible, perchée dans un arbre. Et je serai la femme la plus heureuse. Ça serait le summum du summum. Si j’ai ça, j’aurai tout réussi. L’idée de la cabane c’est profond en moi depuis que je suis petite. Et j’aimerais pouvoir y vivre en autonomie, et partager mes fruits et légumes. Je me suis fait un tatouage de Pocahontas. Pour moi c’est la femme idéale : une personne qui se contente de très peu, qui est simple. C’est peut être un monde imaginaire, mais je crois pas. On vient tous de là de base. C’est juste qu’on a oublié.

En 2018 j’ai été au Costa Rica. Les gens là-bas sont très dans le partage, très chaleureux. Ça a été un coup de cœur. J’ai appelé mes parents en pleurs. Je voulais tout abandonner et donner ma lettre de démission. Ma tête elle avait fait un 360 degrés ! Mais ils m’ont raisonné  en me disant : « Tu peux pas partir comme une déserteuse ! T’as un boulot, un appartement ! » Alors je me suis dit : prends ton mal en patience, ça arrivera quand ça arrivera. Depuis, j’ai gardé ce rêve au fond de moi et je vous promets qu’un jour je vais y arriver. Quand ? Je sais pas, mais je suis à l’affût ! Je me dis que y’a ma cabane qui m’attend quelque part, et c’est ça qui me donne envie tous les jours de me battre ! »

(Quartier de l’Étang, Vernier)

Publié le: 18 juillet 2022

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« Quand mes parents sont venus ici, ils ont eu la vie dure. Ils travaillaient à 150% pour rembourser une maison au Portugal qu’ils ont achetée pour leur retraite. Et du coup j’ai pas tant de souvenirs de moments passés avec eux parce qu’ils bossaient tout le temps. Ils viennent d’un village très reculé du Portugal de 100 ou 200 habitants. Un lieu digne du Texas où tout est très sec. Ma mère cultivait le riz, les tomates etc. Ils sont très terre à terre, et donc ils m’ont tout de suite sensibilisée à la valeur des choses et à l’importance du partage. Si je voulais une paire de chaussures de 200 francs, ça leur coûtait une journée de travail ! 

Arrivée à 16 ans, ils m’ont dit : « Tu veux te faire plaisir ? Va travailler ! » Ça a été simple et direct. Alors je me suis débrouillée et j’ai travaillé à 5àsec Repassage, à la piscine de Meyrin, dans un restaurant, dans un vidéo club. On trouve hein ! Moi je voulais me payer des vacances pour faire autre chose que le Portugal (rires) ! Mais aujourd’hui on est dans une société où il faut carburer, carburer, carburer. La plupart de notre temps pendant la journée c’est pour travailler ou dormir. En Suisse, et surtout dans le domaine de la finance où je travaille, c’est argent, argent, argent. Il faut que tu sois rentable. C’est tout. 

Moi mon rêve, si je gagne un jour assez, c’est d’acheter une cabane au milieu de la nature, si possible, perchée dans un arbre. Et je serai la femme la plus heureuse. Ça serait le summum du summum. Si j’ai ça, j’aurai tout réussi. L’idée de la cabane c’est profond en moi depuis que je suis petite. Et j’aimerais pouvoir y vivre en autonomie, et partager mes fruits et légumes. Je me suis fait un tatouage de Pocahontas. Pour moi c’est la femme idéale : une personne qui se contente de très peu, qui est simple. C’est peut être un monde imaginaire, mais je crois pas. On vient tous de là de base. C’est juste qu’on a oublié.

En 2018 j’ai été au Costa Rica. Les gens là-bas sont très dans le partage, très chaleureux. Ça a été un coup de cœur. J’ai appelé mes parents en pleurs. Je voulais tout abandonner et donner ma lettre de démission. Ma tête elle avait fait un 360 degrés ! Mais ils m’ont raisonné  en me disant : « Tu peux pas partir comme une déserteuse ! T’as un boulot, un appartement ! » Alors je me suis dit : prends ton mal en patience, ça arrivera quand ça arrivera. Depuis, j’ai gardé ce rêve au fond de moi et je vous promets qu’un jour je vais y arriver. Quand ? Je sais pas, mais je suis à l’affût ! Je me dis que y’a ma cabane qui m’attend quelque part, et c’est ça qui me donne envie tous les jours de me battre ! »

(Quartier de l’Étang, Vernier)

Publié le: 18 juillet 2022

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