« Je suis parti de chez moi j’avais 15 ans. Je suis venu d’Algérie. En arrivant à Annemasse je suis allé à la mairie. Je leur ai dit : « voilà, moi je suis jeune, je veux travailler. » Le maire lui-même il m’a dit « mon fils, viens ». Il m’a donné une chambre, deux couvertures, un matelas. Il s’appelait Montessuit. Puis il m’a amené chez le chef. Il lui a dit : « voilà ce jeune, vous lui donnez des bricoles à faire » et puis je devais apporter à boire aux ouvriers. On appelle ça un mousse ou un nom comme ça. Presque une année comme ça. Il me disait toujours « mon fils ». Il y a des gens qui ont du cœur.

Ça fait 60 ans maintenant que je suis à Genève et ça fait 4 jours que ça fait 20 ans que je suis à la retraite ! J’ai fait deux boites. J’ai travaillé à la Jonction chez Kugler, les robinets, pendant 7 ans. Puis j’ai travaillé pendant 33 ans dans l’outillage de précision dans l’armement. La fabrique existe toujours à Carouge. Je dis merci à Dieu. La Suisse elle m’a bien aidé. Surtout les patrons. Le dernier il m’a aidé beaucoup, surtout pour des papiers. À la Jonction c’était une fabrique top. Les deux frères ils s’appelaient Kugler et tous les matins ils serraient la main à tout le monde, et la fabrique était grande ! On était 2500 ! C’était vraiment des gens bien. Mais alors on travaillait ! On faisait 3 équipes, et ça marchait ! Ça marchait !

Maintenant j’ai 85 ans et je dis merci à Dieu. La seule chose qui me manque c’est la santé, les genoux. Si vous me poussez je tombe. Je n’ai plus de force, je n’ai plus de cartilage. À l’hôpital mon médecin il a voulu m’opérer pour me mettre une prothèse. J’ai refusé. Si je vais mourir je vais mourir comme ça. Je ne souffre pas, c’est vrai. Et maintenant je recherche les parcs et je recherche la paix. Et pour la suite…eeeh tout le monde il s’en va…tout le monde il s’en va… »

(Parc des Bastions)

Publié le: 30 septembre 2020

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« Je suis parti de chez moi j’avais 15 ans. Je suis venu d’Algérie. En arrivant à Annemasse je suis allé à la mairie. Je leur ai dit : « voilà, moi je suis jeune, je veux travailler. » Le maire lui-même il m’a dit « mon fils, viens ». Il m’a donné une chambre, deux couvertures, un matelas. Il s’appelait Montessuit. Puis il m’a amené chez le chef. Il lui a dit : « voilà ce jeune, vous lui donnez des bricoles à faire » et puis je devais apporter à boire aux ouvriers. On appelle ça un mousse ou un nom comme ça. Presque une année comme ça. Il me disait toujours « mon fils ». Il y a des gens qui ont du cœur.

Ça fait 60 ans maintenant que je suis à Genève et ça fait 4 jours que ça fait 20 ans que je suis à la retraite ! J’ai fait deux boites. J’ai travaillé à la Jonction chez Kugler, les robinets, pendant 7 ans. Puis j’ai travaillé pendant 33 ans dans l’outillage de précision dans l’armement. La fabrique existe toujours à Carouge. Je dis merci à Dieu. La Suisse elle m’a bien aidé. Surtout les patrons. Le dernier il m’a aidé beaucoup, surtout pour des papiers. À la Jonction c’était une fabrique top. Les deux frères ils s’appelaient Kugler et tous les matins ils serraient la main à tout le monde, et la fabrique était grande ! On était 2500 ! C’était vraiment des gens bien. Mais alors on travaillait ! On faisait 3 équipes, et ça marchait ! Ça marchait !

Maintenant j’ai 85 ans et je dis merci à Dieu. La seule chose qui me manque c’est la santé, les genoux. Si vous me poussez je tombe. Je n’ai plus de force, je n’ai plus de cartilage. À l’hôpital mon médecin il a voulu m’opérer pour me mettre une prothèse. J’ai refusé. Si je vais mourir je vais mourir comme ça. Je ne souffre pas, c’est vrai. Et maintenant je recherche les parcs et je recherche la paix. Et pour la suite…eeeh tout le monde il s’en va…tout le monde il s’en va… »

(Parc des Bastions)

Publié le: 30 septembre 2020

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