« J’ai vécu presque 5 ans à Rio, et j’ai eu des rencontres extraordinaires. Des expériences de vie tellement différentes de ce qu’on vit en Europe. Avec une amie on avait monté un restaurant éphémère une fois par mois, avec un mélange de Françaises et de Brésiliennes, avec la notion de cuisiner, de parler français. C’était des gens assez favorisés, que ce soit les Françaises ou les Brésiliennes. Et on donnait tous les profits à une personne qu’on avait identifiée. C’est à dire qu’on puisse donner à une personne une grosse somme d’argent plutôt qu’à une association et on sait pas bien où ça va aller.
La première personne était une « empregada », une femme de ménage qui était tombée dans les escaliers et n’avait pas du tout d’argent pour se refaire les dents. Un autre c’était le fils d’un « portero » de mon immeuble qui voulait se construire une maison dans la favela. C’est vraiment des rencontres qu’on avait nous, mon amie ou moi, et on se mettait d’accord. Y’a une fois c’était une rencontre assez dingue. J’attendais le petit bus de mon « portero » qui me remontait chez moi, et là y’a une maman qui devait avoir 20-21 ans, qui arrive avec sa petite fille et une ordonnance. Je savais que j’avais cette somme que je pouvais donner à qui je voulais, alors je suis allée à la pharmacie. La pharmacienne m’explique qu’en effet cette petite fille avait des problèmes aux poumons, et que la maman voulait les médicaments, mais n’avait pas la machine pour non plus. Et voilà, l’argent d’un jour de restaurant a été donné comme ça à cette femme. Elle en pleurait…
C’est comme s’ils gagnaient au loto parce que ça correspondait à 2 mois et demi de salaire. Moi j’ai vraiment beaucoup de chance dans la vie, je crois, à plein de niveaux. Bien sûr que c’était du travail ce restaurant tous les mois, on faisait 50 couverts. Mais ça procure du plaisir de rendre des gens heureux. J’en parlais avec une amie y’a pas longtemps en disant : on a connu quelque chose de tellement extraordinaire que c’est plus compliqué du coup maintenant parce que… c’est des expériences humaines et de vie qu’on retrouvera jamais. »
(Les Pâquis)
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« J’ai vécu presque 5 ans à Rio, et j’ai eu des rencontres extraordinaires. Des expériences de vie tellement différentes de ce qu’on vit en Europe. Avec une amie on avait monté un restaurant éphémère une fois par mois, avec un mélange de Françaises et de Brésiliennes, avec la notion de cuisiner, de parler français. C’était des gens assez favorisés, que ce soit les Françaises ou les Brésiliennes. Et on donnait tous les profits à une personne qu’on avait identifiée. C’est à dire qu’on puisse donner à une personne une grosse somme d’argent plutôt qu’à une association et on sait pas bien où ça va aller.
La première personne était une « empregada », une femme de ménage qui était tombée dans les escaliers et n’avait pas du tout d’argent pour se refaire les dents. Un autre c’était le fils d’un « portero » de mon immeuble qui voulait se construire une maison dans la favela. C’est vraiment des rencontres qu’on avait nous, mon amie ou moi, et on se mettait d’accord. Y’a une fois c’était une rencontre assez dingue. J’attendais le petit bus de mon « portero » qui me remontait chez moi, et là y’a une maman qui devait avoir 20-21 ans, qui arrive avec sa petite fille et une ordonnance. Je savais que j’avais cette somme que je pouvais donner à qui je voulais, alors je suis allée à la pharmacie. La pharmacienne m’explique qu’en effet cette petite fille avait des problèmes aux poumons, et que la maman voulait les médicaments, mais n’avait pas la machine pour non plus. Et voilà, l’argent d’un jour de restaurant a été donné comme ça à cette femme. Elle en pleurait…
C’est comme s’ils gagnaient au loto parce que ça correspondait à 2 mois et demi de salaire. Moi j’ai vraiment beaucoup de chance dans la vie, je crois, à plein de niveaux. Bien sûr que c’était du travail ce restaurant tous les mois, on faisait 50 couverts. Mais ça procure du plaisir de rendre des gens heureux. J’en parlais avec une amie y’a pas longtemps en disant : on a connu quelque chose de tellement extraordinaire que c’est plus compliqué du coup maintenant parce que… c’est des expériences humaines et de vie qu’on retrouvera jamais. »
(Les Pâquis)