« Mon père était militaire en Éthiopie pendant la guerre. Il était italien et Mussolini voulait conquérir le pays alors il était obligé d’y aller hein, autrement Mussolini il flingue ! Et c’est là qu’il a rencontré ma mère. Puis Mussolini il s’est fait chasser de l’Éthiopie, alors mon père était recherché. Ma mère était arménienne, ils sont arrivés en Éthiopie à cause des persécutions par les Turcs. Mais elle était intouchable ici parce que son frère était conseiller de Haïlé Sélassié Ier, le roi des rois Négus, la force des forces. Elle a dit : « c’est mon fiancé » et ils pouvaient rien faire. Donc je suis né et j’ai grandi en Éthiopie. Je parle couramment l’éthiopien. C’est un très beau pays et les Éthiopiens c’est des gens très, très bien.
Puis quand j’avais 15 ans on est arrivés en Suisse. J’ai travaillé longtemps dans la rue de Lausanne dans plusieurs petits garages. Je faisais toutes les marques. J’ai restauré des vieilles Bugatti et Ferrari à Claude François, à Johnny Halliday. Mais je suis pas vraiment pour le luxe. Moi j’aime les vieux trognons. Je paie 3000 balles, pas plus. Tant que ça roule, c’est bon !
Maintenant je suis le doyen des anciens quoi. Des fois ils m’appellent, je leur donne un coup de main. Ils comprennent rien aux vieilles bagnoles ! Mais tu sais les gaz t’en avales… Les poumons il y a tout qui dégage, tu te fous en l’air la santé. J’ai des copains qui sont morts à 55 ans. Moi je buvais beaucoup de yogourts, c’est ça qui m’a conservé. Le lait c’est le meilleur remède contre la pollution.
L’Éthiopie c’est la seule chose que je regrette. J’aimerais bien y passer ma retraite, mais ma femme veut pas. Mais la vie est belle, il faut la prendre comme elle vient. La colère des gens, la jalousie pour rien, je déteste. On doit pas se compliquer la vie, on est de passage ici. Quand je meurs, j’amène rien avec moi. Ici tout brille, mais en réalité tout ce qui brille c’est pas de l’or. Moi je m’en fous de l’argent. J’ai pas d’ennemi. Mon seul ennemi c’est mon putain d’estomac. À cause de lui je suis obligé de ravitailler sinon tu peux pas bouger. C’est comme une bagnole, le réservoir s’il est vide tu peux pas y aller plus loin. »
(Rue du Mont-Blanc)
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« Mon père était militaire en Éthiopie pendant la guerre. Il était italien et Mussolini voulait conquérir le pays alors il était obligé d’y aller hein, autrement Mussolini il flingue ! Et c’est là qu’il a rencontré ma mère. Puis Mussolini il s’est fait chasser de l’Éthiopie, alors mon père était recherché. Ma mère était arménienne, ils sont arrivés en Éthiopie à cause des persécutions par les Turcs. Mais elle était intouchable ici parce que son frère était conseiller de Haïlé Sélassié Ier, le roi des rois Négus, la force des forces. Elle a dit : « c’est mon fiancé » et ils pouvaient rien faire. Donc je suis né et j’ai grandi en Éthiopie. Je parle couramment l’éthiopien. C’est un très beau pays et les Éthiopiens c’est des gens très, très bien.
Puis quand j’avais 15 ans on est arrivés en Suisse. J’ai travaillé longtemps dans la rue de Lausanne dans plusieurs petits garages. Je faisais toutes les marques. J’ai restauré des vieilles Bugatti et Ferrari à Claude François, à Johnny Halliday. Mais je suis pas vraiment pour le luxe. Moi j’aime les vieux trognons. Je paie 3000 balles, pas plus. Tant que ça roule, c’est bon !
Maintenant je suis le doyen des anciens quoi. Des fois ils m’appellent, je leur donne un coup de main. Ils comprennent rien aux vieilles bagnoles ! Mais tu sais les gaz t’en avales… Les poumons il y a tout qui dégage, tu te fous en l’air la santé. J’ai des copains qui sont morts à 55 ans. Moi je buvais beaucoup de yogourts, c’est ça qui m’a conservé. Le lait c’est le meilleur remède contre la pollution.
L’Éthiopie c’est la seule chose que je regrette. J’aimerais bien y passer ma retraite, mais ma femme veut pas. Mais la vie est belle, il faut la prendre comme elle vient. La colère des gens, la jalousie pour rien, je déteste. On doit pas se compliquer la vie, on est de passage ici. Quand je meurs, j’amène rien avec moi. Ici tout brille, mais en réalité tout ce qui brille c’est pas de l’or. Moi je m’en fous de l’argent. J’ai pas d’ennemi. Mon seul ennemi c’est mon putain d’estomac. À cause de lui je suis obligé de ravitailler sinon tu peux pas bouger. C’est comme une bagnole, le réservoir s’il est vide tu peux pas y aller plus loin. »
(Rue du Mont-Blanc)