« J’ai grandi aux Philippines, dans une famille très unie de 10 enfants. On vivait sous la dictature de Marcos. L’économie était très mauvaise. Il n’y avait pas grand-chose à manger et le seul riz qu’on pouvait acheter sentait très mauvais. On devait également faire attention à ce qu’on disait. Il y avait beaucoup, beaucoup d’enlèvements et de meurtres de personnes opposées au régime. C’était très inquiétant.

Un jour mon père a disparu. On a eu aucune nouvelle pendant 2 mois. On ne savait même pas s’il était vivant, c’était terrible. Puis les militaires ont trouvé son corps dans la forêt. Il avait été décapité. On ne sait pas ce qui s’est passé, ni qui l’a tué, les insurgés communistes ou les militaires. On ne pouvait rien faire, ni accuser qui que ce soit sinon ils nous tuaient. Alors on n’a rien dit. 

Peu après j’ai commencé l’université à Manille. J’ai rencontré là-bas beaucoup de groupes d’étudiants activistes qui opéraient en secret. J’ai un fort caractère alors j’ai voulu aider à chasser ce dictateur sanguinaire. J’ai rejoint un groupe qui distribuait des pamphlets aux étudiants pour les alerter sur ce qui se passait. J’ai eu peur à certains moments. Plusieurs de mes amis activistes ont disparu et on ne les a jamais retrouvés. Mais j’ai toujours été très prudente. Après 2 ans, la vie était terrible alors j’ai quitté le pays. 

Ma sœur travaillait pour une mission étrangère à Genève et ils m’ont aidée à venir. Je suis arrivée en 1982 et j’ai travaillé pour eux jusqu’en 2015. Et en 1986, Marcos a finalement été chassé. Après ma retraite, j’ai pensé : que faire ? J’ai une forte identité Filipino et j’ai réalisé que la Chine, la Thaïlande, le Vietnam, ils sont bons pour faire des affaires avec leurs produits. Mais pas nous ! Alors en 2018, j’ai ouvert cette boutique pour promouvoir nos produits. 

Et j’adore rencontrer des gens de différentes cultures. Ici aux Pâquis la vie est si diverse, oh mon Dieu ! C’est un autre monde (rires) ! J’adore ! Il faut être flexible et gentil avec tout le monde. Parfois, les gens parlent de leurs problèmes. Alors je les écoute et parfois je leur donne quelques conseils.  Et ça me donne beaucoup de satisfaction ! »

* Retrouvez Malou dans son Filipiñana Mini-Market, Rue des buis 5, 1202 Genève *

(Pâquis | traduite de l’anglais)

Note : Malou était plus à l’aise pour discuter en anglais, mais contrairement à ce qu’elle prétend, son français est très bon !

Publié le: 7 avril 2022

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« J’ai grandi aux Philippines, dans une famille très unie de 10 enfants. On vivait sous la dictature de Marcos. L’économie était très mauvaise. Il n’y avait pas grand-chose à manger et le seul riz qu’on pouvait acheter sentait très mauvais. On devait également faire attention à ce qu’on disait. Il y avait beaucoup, beaucoup d’enlèvements et de meurtres de personnes opposées au régime. C’était très inquiétant.

Un jour mon père a disparu. On a eu aucune nouvelle pendant 2 mois. On ne savait même pas s’il était vivant, c’était terrible. Puis les militaires ont trouvé son corps dans la forêt. Il avait été décapité. On ne sait pas ce qui s’est passé, ni qui l’a tué, les insurgés communistes ou les militaires. On ne pouvait rien faire, ni accuser qui que ce soit sinon ils nous tuaient. Alors on n’a rien dit. 

Peu après j’ai commencé l’université à Manille. J’ai rencontré là-bas beaucoup de groupes d’étudiants activistes qui opéraient en secret. J’ai un fort caractère alors j’ai voulu aider à chasser ce dictateur sanguinaire. J’ai rejoint un groupe qui distribuait des pamphlets aux étudiants pour les alerter sur ce qui se passait. J’ai eu peur à certains moments. Plusieurs de mes amis activistes ont disparu et on ne les a jamais retrouvés. Mais j’ai toujours été très prudente. Après 2 ans, la vie était terrible alors j’ai quitté le pays. 

Ma sœur travaillait pour une mission étrangère à Genève et ils m’ont aidée à venir. Je suis arrivée en 1982 et j’ai travaillé pour eux jusqu’en 2015. Et en 1986, Marcos a finalement été chassé. Après ma retraite, j’ai pensé : que faire ? J’ai une forte identité Filipino et j’ai réalisé que la Chine, la Thaïlande, le Vietnam, ils sont bons pour faire des affaires avec leurs produits. Mais pas nous ! Alors en 2018, j’ai ouvert cette boutique pour promouvoir nos produits. 

Et j’adore rencontrer des gens de différentes cultures. Ici aux Pâquis la vie est si diverse, oh mon Dieu ! C’est un autre monde (rires) ! J’adore ! Il faut être flexible et gentil avec tout le monde. Parfois, les gens parlent de leurs problèmes. Alors je les écoute et parfois je leur donne quelques conseils.  Et ça me donne beaucoup de satisfaction ! »

* Retrouvez Malou dans son Filipiñana Mini-Market, Rue des buis 5, 1202 Genève *

(Pâquis | traduite de l’anglais)

Note : Malou était plus à l’aise pour discuter en anglais, mais contrairement à ce qu’elle prétend, son français est très bon !

Publié le: 7 avril 2022

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