« Je suis pratiquement né avec un chapeau sur la tête. J’ai ouvert mon premier magasin de chapeaux il y a 30 ans, et ça va m’occuper jusqu’à la fin de mes jours. C’est une passion qui a happé ma vie. Sans chapeau je me sens un petit peu dénudé. Y’a le côté protecteur des éléments, protecteur des autres aussi, mais paradoxalement il peut aussi être un objet de grande ouverture. Avec le chapeau, on plonge en pleine sociologie !

Il fut un temps où le chapeau était l’objet de tout le monde et il normait les différentes catégories de la société. Il représentait, ne serait-ce que par la hauteur du haut-de-forme, la statut de la personne, ou son corps de métier. Mais comme les catégories sociales ont éclaté, le chapeau est tombé en désuétude. Aujourd’hui moins de gens portent du chapeau, mais je retrouve souvent un dénominateur commun chez les porteurs de couvre-chefs : une forme d’originalité, une forme de caractère. Ce n’est plus un signe de statut mais de démarcation, d’affirmation de soi.

Par exemple, le trilby au départ c’est un chapeau qu’on vendait à des immigrés de première génération, des anciens ouvriers qui recherchaient cette forme typiquement italienne. Il est tombé ensuite dans un trou noir pendant 10-15 ans parce que ces gens sont décédés. Puis la musique et le cinéma sont passés par là, et en 2010 c’était le chapeau qu’on vendait le plus aux jeunes ! La roue qui est à l’entrée de notre magasin figure très bien le côté circulaire de la mode.

Le chapeau est également un grand objet de résistance, contre la fuite en avant, le sans-âme, la perte d’humanité que tout le monde ressent. Quand on a ouvert ce magasin il y’a 25 ans, il était exactement comme vous le trouvez aujourd’hui. Et les gens retrouvent ce qui leur est familier. On essaie aussi de conserver une certaine humanité dans notre service. Du jeune de 20 ans aux gens extrêmement riches, de l’ouvrier jusqu’au président d’un État, que la personne entre pieds nus ou avec sa célébrité, tout le monde sera toujours servi de la même manière. C’est à dire avec bienveillance et dans l’esprit d’un partage. C’est pour ça que je suis là ! »

* Retrouvez Michel Curchod dans son magasin Coup de Chapeau, Rue de la cité 6ter, 1204 Genève *

Publié le: 22 avril 2022

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« Je suis pratiquement né avec un chapeau sur la tête. J’ai ouvert mon premier magasin de chapeaux il y a 30 ans, et ça va m’occuper jusqu’à la fin de mes jours. C’est une passion qui a happé ma vie. Sans chapeau je me sens un petit peu dénudé. Y’a le côté protecteur des éléments, protecteur des autres aussi, mais paradoxalement il peut aussi être un objet de grande ouverture. Avec le chapeau, on plonge en pleine sociologie !

Il fut un temps où le chapeau était l’objet de tout le monde et il normait les différentes catégories de la société. Il représentait, ne serait-ce que par la hauteur du haut-de-forme, la statut de la personne, ou son corps de métier. Mais comme les catégories sociales ont éclaté, le chapeau est tombé en désuétude. Aujourd’hui moins de gens portent du chapeau, mais je retrouve souvent un dénominateur commun chez les porteurs de couvre-chefs : une forme d’originalité, une forme de caractère. Ce n’est plus un signe de statut mais de démarcation, d’affirmation de soi.

Par exemple, le trilby au départ c’est un chapeau qu’on vendait à des immigrés de première génération, des anciens ouvriers qui recherchaient cette forme typiquement italienne. Il est tombé ensuite dans un trou noir pendant 10-15 ans parce que ces gens sont décédés. Puis la musique et le cinéma sont passés par là, et en 2010 c’était le chapeau qu’on vendait le plus aux jeunes ! La roue qui est à l’entrée de notre magasin figure très bien le côté circulaire de la mode.

Le chapeau est également un grand objet de résistance, contre la fuite en avant, le sans-âme, la perte d’humanité que tout le monde ressent. Quand on a ouvert ce magasin il y’a 25 ans, il était exactement comme vous le trouvez aujourd’hui. Et les gens retrouvent ce qui leur est familier. On essaie aussi de conserver une certaine humanité dans notre service. Du jeune de 20 ans aux gens extrêmement riches, de l’ouvrier jusqu’au président d’un État, que la personne entre pieds nus ou avec sa célébrité, tout le monde sera toujours servi de la même manière. C’est à dire avec bienveillance et dans l’esprit d’un partage. C’est pour ça que je suis là ! »

* Retrouvez Michel Curchod dans son magasin Coup de Chapeau, Rue de la cité 6ter, 1204 Genève *

Publié le: 22 avril 2022

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