« Toute ma famille était griot. Comme en Afrique avant beaucoup de gens savaient pas écrire, le griot c’est quelqu’un qui a une bonne mémoire, qui garde et raconte les histoires. Un griot il a pas le droit de faire de bagarres, il doit mettre les gens en bons termes. Moi j’ai appris tout seul. Comme j’étais le seul garçon, je devais travailler aux champs. Et y’a les gens qui disaient à mes parents : « Ton enfant-là, il travaille pas. Il chante tout le temps ! ». Alors ils m’ont mis derrière avec les vaches. Mais moi je montais sur les arbres et je chantais (rires) !
En 86 j’ai gagné un concours national à Ouagadougou, et je suis parti en Inde avec notre Président et tout l’État. C’est grâce à cet instrument qui s’appelle « goni ». Jamais tu me vois sans. C’est ça aussi qui a fait que je suis venu ici. Un jour, un ami m’a vu jouer à Bobo, et il m’a dit que je vienne en Suisse avec leur groupe Ben Kadi. On était 8 : des percussionnistes, balafonistes, moi avec le goni, puis y’a le djembé et le doudou. C’est la Ville de Genève qui nous a invités pour 8 mois. Avant la musique africaine ça marchait. On jouait partout en Europe !
Je suis arrivé à Genève j’avais 19 ans. C’est mon premier quartier ici, les Cropettes. On était dans cette maison derrière moi. J’ai fait deux fois 8 mois avec le groupe. Mais après tout le monde s’est marié, on a eu des enfants, et le groupe s’est cassé. Moi je me suis marié avec une Suissesse, et je suis resté ici. J’ai travaillé 10 ans à la voirie, derrière les camions poubelles et dans le tri. J’ai travaillé aussi avec les enfants et les personnes âgées. Mais maintenant j’arrive plus à trouver du travail à cause de l’âge.
Mais avec tout ça, j’ai continué de faire la musique, toujours. Même quand je travaillais, le week-end je jouais la musique. Je joue pour moi-même, et je joue pour les autres aussi. Quand je chante, ça étonne les gens. Souvent ils vont regarder si y’a pas des micros (rires) ! Et même si les Européens comprennent pas ce que je chante, ils me disent : « Merci beaucoup de nous partager ». Quand je joue la musique, je pense pas à de mauvais trucs. Ça me met loin, ça m’aide à relâcher. C’est comme un médicament, ça te soigne. »
(Parc des Cropettes)
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« Toute ma famille était griot. Comme en Afrique avant beaucoup de gens savaient pas écrire, le griot c’est quelqu’un qui a une bonne mémoire, qui garde et raconte les histoires. Un griot il a pas le droit de faire de bagarres, il doit mettre les gens en bons termes. Moi j’ai appris tout seul. Comme j’étais le seul garçon, je devais travailler aux champs. Et y’a les gens qui disaient à mes parents : « Ton enfant-là, il travaille pas. Il chante tout le temps ! ». Alors ils m’ont mis derrière avec les vaches. Mais moi je montais sur les arbres et je chantais (rires) !
En 86 j’ai gagné un concours national à Ouagadougou, et je suis parti en Inde avec notre Président et tout l’État. C’est grâce à cet instrument qui s’appelle « goni ». Jamais tu me vois sans. C’est ça aussi qui a fait que je suis venu ici. Un jour, un ami m’a vu jouer à Bobo, et il m’a dit que je vienne en Suisse avec leur groupe Ben Kadi. On était 8 : des percussionnistes, balafonistes, moi avec le goni, puis y’a le djembé et le doudou. C’est la Ville de Genève qui nous a invités pour 8 mois. Avant la musique africaine ça marchait. On jouait partout en Europe !
Je suis arrivé à Genève j’avais 19 ans. C’est mon premier quartier ici, les Cropettes. On était dans cette maison derrière moi. J’ai fait deux fois 8 mois avec le groupe. Mais après tout le monde s’est marié, on a eu des enfants, et le groupe s’est cassé. Moi je me suis marié avec une Suissesse, et je suis resté ici. J’ai travaillé 10 ans à la voirie, derrière les camions poubelles et dans le tri. J’ai travaillé aussi avec les enfants et les personnes âgées. Mais maintenant j’arrive plus à trouver du travail à cause de l’âge.
Mais avec tout ça, j’ai continué de faire la musique, toujours. Même quand je travaillais, le week-end je jouais la musique. Je joue pour moi-même, et je joue pour les autres aussi. Quand je chante, ça étonne les gens. Souvent ils vont regarder si y’a pas des micros (rires) ! Et même si les Européens comprennent pas ce que je chante, ils me disent : « Merci beaucoup de nous partager ». Quand je joue la musique, je pense pas à de mauvais trucs. Ça me met loin, ça m’aide à relâcher. C’est comme un médicament, ça te soigne. »
(Parc des Cropettes)