« Je dis toujours que j’ai deux amours dans ma vie : les livres et la ville de Tanger. La lecture c’est comme une drogue pour moi, je peux pas vivre sans. J’ai grandi avec les livres dans les années 70 à Tétouan au Maroc, dans cette ambiance d’après 68. On était toute une génération comme ça, engagée et un peu…beaucoup communiste ! Vous voyez un petit peu !
J’ai lu très jeune Simone de Beauvoir, Sartre, Mahfoud, Nawal El Saadawi qui était une des pionnières à parler des questions de virginité, de l’émancipation des femmes, etc. Ça m’a ouvert sur le monde, sur le féminisme. Ce qui fait que je suis devenue rebelle (rires) ! À 12 ou 13 ans je savais que j’allais pas être dans un cadre mariage-enfants. Ceci dit, je viens absolument pas d’une famille bourge ou bobo. J’ai grandi dans une famille d’un niveau moyen avec des parents qui nous ont poussés à étudier et qui nous ont donné assez de liberté.
Et Tanger est un élément très important dans ma vie grâce notamment à l’écrivain Mohamed Choukri. Vous savez, Choukri c’est quelqu’un qui a vécu dans la rue, réellement. Il a rencontré Paul Bowles, Jean Genet et la Beat génération. Mais c’était des gens qui avaient des moyens, qui venaient chercher un peu d’excitation. Lui il a appris à lire à 21 ans, et quand il a vu ce qu’ils écrivaient il s’est dit : « Moi je peux écrire plusieurs livres sur ça ! » C’était son quotidien. C’est comme ça qu’il a écrit « Le pain nu » et qu’il est devenu un écrivain célèbre.
Choukri à Tanger était une personne qu’il fallait à tout prix rencontrer, et sa rencontre a été déterminante pour moi. À ses cotés j’ai côtoyé tellement de personnes hors du commun, presque à la marge de la société ; les soirées improvisées avec des écrivains et poètes fauchés, des journalistes, des artistes… Cela m’a ouvert tellement l’esprit. Au début pour moi c’était difficile de saisir ce qu’il essayait de me transmettre sur l’importance du voyage entre autres. C’est un peu plus tard que j’ai compris. Voyager ce n’est pas juste prendre un billet et partir, il y a d’autres manières de concevoir le voyage : dans sa propre ville, une déambulation dans un marché, lors d’une soirée ou dans l’âme d’un être… »
(Parc des Cropettes)
Après notre rencontre par hasard aux Parc des Cropettes, j’ai appris que Badia était la fondatrice et directrice de l’Association pour la Promotion des Droits Humains (apdh.ch) qui s’active à Genève auprès des personnes migrantes provenant du Moyen Orient et d’Afrique du Nord. Elle est également lauréate en 2006 du « Prix femme exilée, femme engagée » de la ville de Genève.
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« Je dis toujours que j’ai deux amours dans ma vie : les livres et la ville de Tanger. La lecture c’est comme une drogue pour moi, je peux pas vivre sans. J’ai grandi avec les livres dans les années 70 à Tétouan au Maroc, dans cette ambiance d’après 68. On était toute une génération comme ça, engagée et un peu…beaucoup communiste ! Vous voyez un petit peu !
J’ai lu très jeune Simone de Beauvoir, Sartre, Mahfoud, Nawal El Saadawi qui était une des pionnières à parler des questions de virginité, de l’émancipation des femmes, etc. Ça m’a ouvert sur le monde, sur le féminisme. Ce qui fait que je suis devenue rebelle (rires) ! À 12 ou 13 ans je savais que j’allais pas être dans un cadre mariage-enfants. Ceci dit, je viens absolument pas d’une famille bourge ou bobo. J’ai grandi dans une famille d’un niveau moyen avec des parents qui nous ont poussés à étudier et qui nous ont donné assez de liberté.
Et Tanger est un élément très important dans ma vie grâce notamment à l’écrivain Mohamed Choukri. Vous savez, Choukri c’est quelqu’un qui a vécu dans la rue, réellement. Il a rencontré Paul Bowles, Jean Genet et la Beat génération. Mais c’était des gens qui avaient des moyens, qui venaient chercher un peu d’excitation. Lui il a appris à lire à 21 ans, et quand il a vu ce qu’ils écrivaient il s’est dit : « Moi je peux écrire plusieurs livres sur ça ! » C’était son quotidien. C’est comme ça qu’il a écrit « Le pain nu » et qu’il est devenu un écrivain célèbre.
Choukri à Tanger était une personne qu’il fallait à tout prix rencontrer, et sa rencontre a été déterminante pour moi. À ses cotés j’ai côtoyé tellement de personnes hors du commun, presque à la marge de la société ; les soirées improvisées avec des écrivains et poètes fauchés, des journalistes, des artistes… Cela m’a ouvert tellement l’esprit. Au début pour moi c’était difficile de saisir ce qu’il essayait de me transmettre sur l’importance du voyage entre autres. C’est un peu plus tard que j’ai compris. Voyager ce n’est pas juste prendre un billet et partir, il y a d’autres manières de concevoir le voyage : dans sa propre ville, une déambulation dans un marché, lors d’une soirée ou dans l’âme d’un être… »
(Parc des Cropettes)
Après notre rencontre par hasard aux Parc des Cropettes, j’ai appris que Badia était la fondatrice et directrice de l’Association pour la Promotion des Droits Humains (apdh.ch) qui s’active à Genève auprès des personnes migrantes provenant du Moyen Orient et d’Afrique du Nord. Elle est également lauréate en 2006 du « Prix femme exilée, femme engagée » de la ville de Genève.