« À l’époque j’avais 20 ans et j’étais obnubilé par le sexe. Dans ma tête il n’y avait que ça. J’ai eu mon premier client dans une rue aux Pâquis. J’ai trouvé ça rigolo parce qu’une fois que j’avais fait la fellation, j’avais l’impression d’être face à un gamin qui avait fait une bêtise. Et ça m’a donné l’envie de continuer. Pour moi c’était naturel, je me prostituais par plaisir. J’ai pratiqué devant la Poste rue du Mont-Blanc. Dans les années 80 c’était là où on accrochait les clients. J’ai eu quand même des gens assez importants, genre directeurs de banque et de magasins. Ils avaient une double vie, parce que à l’époque il fallait être marié pour atteindre les postes les plus hauts.
On s’amusait beaucoup, Genève était beaucoup plus festive ! Ensuite le Sida est venu. Il y avait moins de clients dans la rue donc j’ai fait un diplôme de masseur. J’ai publié une annonce dans un journal et c’est comme ça qu’après j’avais mes clients. Sur le trottoir je pouvais choisir les clients qui me plaisaient. Mais là, ça sonnait à ma porte, je ne pouvais plus choisir. Alors j’ai fait des gens que je n’aurais jamais faits, ça m’a un peu dégoûté.
J’ai fait quand même pendant 20 ans. Puis un jour j’ai fait une grosse déprime parce que j’en avais marre de faire le sexe et j’en avais marre d’essayer de changer les gens. J’ai été même jusqu’à la paranoïa, et j’ai été hospitalisé longtemps. Il y a le sexe mais c’est aussi un déversement. On est comme un psychologue. Moi j’essayais de trouver des solutions pour eux mais j’ai compris qu’ils ne changeront jamais leur vie.
C’est la méditation qui m’a sauvé. J’ai commencé à 25 ans et j’ai toujours continué. Les pensées ralentissent petit à petit, et il y a 1 an environ, crac : je me suis retrouvé dans mon ventre. Je suis plus bloqué dans ma tête. Et quand on a le bien être, la kékette pour finir y’en a ras-le-bol ! Maintenant je peux rester des heures au même endroit à regarder les gens. Mais qu’est-ce qu’ils courent ! Je me demande où ils vont ! Maintenant je ne sais pas si je dois simplement jouir de la vie ou si j’ai quelque chose à faire. Est-ce que c’est parce que je me suis prostitué que j’ai droit à avoir du bien-être ? »
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« À l’époque j’avais 20 ans et j’étais obnubilé par le sexe. Dans ma tête il n’y avait que ça. J’ai eu mon premier client dans une rue aux Pâquis. J’ai trouvé ça rigolo parce qu’une fois que j’avais fait la fellation, j’avais l’impression d’être face à un gamin qui avait fait une bêtise. Et ça m’a donné l’envie de continuer. Pour moi c’était naturel, je me prostituais par plaisir. J’ai pratiqué devant la Poste rue du Mont-Blanc. Dans les années 80 c’était là où on accrochait les clients. J’ai eu quand même des gens assez importants, genre directeurs de banque et de magasins. Ils avaient une double vie, parce que à l’époque il fallait être marié pour atteindre les postes les plus hauts.
On s’amusait beaucoup, Genève était beaucoup plus festive ! Ensuite le Sida est venu. Il y avait moins de clients dans la rue donc j’ai fait un diplôme de masseur. J’ai publié une annonce dans un journal et c’est comme ça qu’après j’avais mes clients. Sur le trottoir je pouvais choisir les clients qui me plaisaient. Mais là, ça sonnait à ma porte, je ne pouvais plus choisir. Alors j’ai fait des gens que je n’aurais jamais faits, ça m’a un peu dégoûté.
J’ai fait quand même pendant 20 ans. Puis un jour j’ai fait une grosse déprime parce que j’en avais marre de faire le sexe et j’en avais marre d’essayer de changer les gens. J’ai été même jusqu’à la paranoïa, et j’ai été hospitalisé longtemps. Il y a le sexe mais c’est aussi un déversement. On est comme un psychologue. Moi j’essayais de trouver des solutions pour eux mais j’ai compris qu’ils ne changeront jamais leur vie.
C’est la méditation qui m’a sauvé. J’ai commencé à 25 ans et j’ai toujours continué. Les pensées ralentissent petit à petit, et il y a 1 an environ, crac : je me suis retrouvé dans mon ventre. Je suis plus bloqué dans ma tête. Et quand on a le bien être, la kékette pour finir y’en a ras-le-bol ! Maintenant je peux rester des heures au même endroit à regarder les gens. Mais qu’est-ce qu’ils courent ! Je me demande où ils vont ! Maintenant je ne sais pas si je dois simplement jouir de la vie ou si j’ai quelque chose à faire. Est-ce que c’est parce que je me suis prostitué que j’ai droit à avoir du bien-être ? »